Nous voulons tous vivre, libres !

Les théâtres et toutes les salles de spectacle doivent rouvrir, immédiatement !
Ce samedi 30 janvier 2021, le gouvernement français a envoyé la police aux portes de théâtres en Avignon pour empêcher l’accueil de spectateurs venus écouter littérature, poésie, musique, venus rencontrer les équipes de ces théâtres. Ces équipes avaient décidé d’ouvrir leur théâtre pour marquer leur attachement à la liberté, la liberté d’expression, de création, à se rencontrer. Pour exprimer aussi leur refus de mourir lentement, dans le silence, comme nous y condamne l’interdiction des représentations depuis bientôt un an, hormis quelques semaines cet été.

 

L’étude menée en novembre à Barcelone a établi qu’aucun des spectateurs présents n’avait été contaminé ; le Conseil d’Etat a reconnu en décembre qu’aucune contamination n’avait été constatée dans les salles de spectacle ; la ministre de la culture elle-même a reconnu en janvier dernier devant la commission des Affaires Culturelles que « le gouvernement avait été assez sûr que les salles étaient sûres », et pourtant l’interdiction d’ouverture demeure, indéfiniment, au prétexte du COVID. La dangerosité des nouveaux variants au COVID19 n’est pas plus recevable qu’elle ne l’était à l’égard du covid précédent. Aujourd’hui comme hier, les salles sont fermées. Dans le même temps, les masques FFP2 ne sont toujours pas mis à disposition, pas plus que ne l’ont été les masques chirurgicaux ; les moyens publics de soins de la population continuent d’être démantelés. Des hôpitaux entiers devraient fermer, comme prochainement les hôpitaux Bichat et Beaujon. 400 lits, 1 000 postes de médecins et personnels soignants en moins. Face à l’épidémie qui se poursuit, y a t’il d’autres solutions que de protéger la population et de la soigner, avec tous les moyens nécessaires ?

 

Au lieu de cela, le gouvernement coule l’économie productive du pays, enferme la population, réprime. Ce qu’il s’est passé en Avignon ce samedi est un fait sans précédent. Quand dans l’histoire y a t’il eu en France envoi d’agents de police contre des artistes, des techniciens et ouvriers du spectacle, contre la population voulant se rencontrer, se divertir, penser, rêver ? Nous nous adressons au gouvernement et au Président de la République : cela ne peut pas se reproduire. Certes la loi vous permet d’agir envers ceux qui ne la respecteraient pas. Mais il y a une loi que nul ne peut brimer, c’est la loi humaine, celle de vivre, libre.

 

Ces interdictions qui se prolongent menacent près de 500 000 travailleurs des Arts, près d’un million d’emplois induits. Elles menacent des centaines de théâtres, de compagnies indépendantes, la production cinématographique française. Dans les semaines à venir les équipes qui veulent rouvrir continueront leur combat, comme à Avignon, Laval, Le Mans, Lyon, Millau, Paris, Perpignan, Rennes… Nous les saluons. Ces interdictions menacent 500 000 travailleurs des Arts et parmi eux 110 000 salariés intermittents. Pour la plupart d’entre nous, nous n’aurons pas pu travailler 507h d’ici au 31 août 2021. Lors d’une récente réunion avec les conseillères sociale et du spectacle vivant de la ministre de la culture, notre représentant a exprimé l’exigence de toute la profession : la prorogation de l’ « année blanche ». Aux demandes d’étude, de chiffrages etc…invoquées par le ministère de la culture, notre représentant, sans soutien des autres représentants syndicaux présents, a opposé une demande simple : que tous ceux qui ne seraient pas renouvelés selon les règles communes des annexes 8 & 10, le soient au titre d’une prorogation d’un an de l’ « année blanche ».

 

Nous saluons toutes les équipes, signataires d’adresses, de pétitions, comme “#On ouvre”, “Ami.es entends-tu”, “Théâtres ouverts” qui s’organisent pour rouvrir leur théâtre, pour des spectacles en scène, vivants. Le gouvernement doit se rendre à la raison, permettre cette réouverture dans les meilleures conditions sanitaires nécessaires. La population n’en peut plus d’être enfermée chaque soir 12h durant. Elle n’en peut plus de ne plus pouvoir aller au Théâtre, au concert, au cinéma, dans les Musées, au café, au restaurant, se rencontrer. La jeunesses, elle non plus n’en peut plus d’être enfermée. Avec leurs enseignants en grève le 26 janvier, ils ont manifesté pour « la réouverture immédiate des universités » en clamant : « présentiel, c’est essentiel ».

 

Nous voulons tous vivre, libres :

– réouverture immédiate et totale des théâtres, de toutes les salles de spectacle, des cinémas
et des Musées
– mis à disposition par l’Etat aux équipes et aux spectateurs des masques FFP2
– compensation intégrale des pertes de salaires et d’exploitation
– compensation intégrale des pertes de cotisations qui menacent nos caisses sociales
– prorogation pour tous de l’année blanche, jusqu’au 31 aout 2022, accès à 253h aux annexes
8 & 10 pour les collègues « primo entrants »

1.02.2021